Chronique animale - Épisode 27 : Gare au gorille !
17/12/2021
Dès son plus jeune âge le bébé gorille imite les comportements des adultes. Un d’apprentissage essentiel pour connaître les règles de la vie commune et garantir l’harmonie du groupe. Les gorilles sont les plus imposants des grands singes. Les mâles approchent les 300 kg tandis que les femelles pèsent entre 80 et 150 kg. Ce sont des animaux impressionnants, mais principalement végétariens et d’un tempérament plutôt paisible si l’on ne vient pas rompre leur tranquillité. Lors de sa première rencontre avec les gorilles en 1856, l’explorateur franco-américain Paul du Chaillu raconte ainsi qu’un grand mâle hurlait et se frappait la poitrine avec rage en se tenant debout devant eux. Du Chaillu venait de décrire un comportement emblématique du règne animal, maintes fois représenté dans des films comme King Kong ou Tarzan. Un tambourinage rapide et unique qui intrigue autant qu’il impressionne. Quelle est la signification de cette communication non verbale ? Que veulent dire les gorilles par ce geste ? Est-ce une démonstration de force et de vigueur ou traduit-il simplement une excitation passagère ?
Au cours de l'évolution, la sélection naturelle a favorisé un certain nombre de comportements permettant aux individus d’échanger des indications sur leur force plutôt que des coups. Il est plus avantageux pour deux belligérants de savoir qui est susceptible d'emporter un combat au moyen d'un échange de signaux fiables que de le savoir après une bataille violente. De cette façon, le plus fort gagne un combat qui lui était promis et les deux parties bénéficient de l'absence de coûts liés au conflit. Le tambourinage de la poitrine des dos argentés est-il une façon de signaler la supériorité d’un mâle afin d’éviter des combats inutiles ?
Une équipe internationale de chercheurs du Max Planck Institute de Leipzig et de la fondation Diane Fossey ont étudié cette question chez des gorilles des montagnes. À partir de l’observation de 25 dos argentés âgés de plus de 12 ans, les chercheurs ont mesuré la relation entre la taille du corps (largeur du dos), le pic de fréquence en hertz (Hz) des battements de poitrine ainsi que leur durée, le nombre. Il ressort que les plus gros mâles ont des pics de fréquences autour de 638 Hz nettement plus bas que les mâles plus petits, mais aucune autre des mesures n’est reliée aux caractéristiques physiques. Cette relation entre la fréquence et le statut social avait déjà était notée pour d’autres mammifères mâles. Par ailleurs, les chercheurs ont relevé que les dos argentés avaient plus tendance à frapper leur poitrine lorsque les femelles étaient réceptives pour la reproduction, laissant penser que ce signal n’est pas uniquement destiné aux autres mâles mais donne aussi une information aux femelles.
Chez les gorilles, quelle que soit la situation, rien ne vaut un battement de poitrine.
Wright E., Grawunder S., Ndayishimiye E., Galbany J., McFarlin S. C., Stoinski T. S. et Robbins M. M., « Chest beats as an honest signal of body size in male mountain gorillas (Gorilla beringei beringei) », Scientific reports, vol. 11, 2021, p. 1-8.