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Chronique animale - Épisode 48 : Le poisson-clown dans la lumière

16/11/2022

Le poisson-clown fait le fier. Il exhibe ses couleurs et prend la pose au milieu des tentacules protectrices de son anémone de mer. Populaire et photogénique, son organisation sociale cache encore bien des mystères. Loin de l’image d’un poisson docile, les individus respectent une hiérarchie sévère fondée sur les différences de taille où la reproduction est réservée à la femelle la plus grande et au mâle le plus imposant. Tous les autres poissons plus petits sont relégués au rang de subordonnés. Ils ont l’autorisation d’utiliser l’anémone comme abri mais doivent pour cela renoncer à se reproduire.

Les poissons-clowns (Amphiprion akindynos) dominants renforcent leur rang en agressant les plus petits, tandis que ces derniers réagissent en adoptant des postures de soumission pour réduire le risque de blessures ou d'expulsion des anémones hôtes, ce qui entraînerait inévitablement leur mort. Le mode de communication entre individus interroge. Comment indiquer en permanence son rang social ?

Récemment, il a été démontré que les barres orange et blanches du poisson-clown réfléchissent hautement les UV, et que leur vision des couleurs leur permet de percevoir les contrastes de la peau. Une faculté bien utile pour communiquer à moindre coût énergétique. Une équipe de chercheurs de l’université du Queensland en Australie a évalué l'importance de cette signalisation dans les interactions sociales entre les poissons-clowns, en particulier pour transmettre les informations sur les relations de dominance et de soumission.

Pour tester l’efficacité des signaux UV de la peau dans la communication, les chercheurs ont comparé les résultats de concours de dominance entre individus de taille identique sous différents filtres absorbant les UV. Les poissons placés sous des filtres bloquant les UV et limitant la réflectance de la peau avaient plus de chances de gagner les concours, alors que les poissons placés sous des filtres neutres étaient plus susceptibles de se soumettre. Cette mise en scène prouve que la quantité de réflectance aux UV diminue avec l’augmentation du rang social. Les chercheurs montrent également que les individus étaient plus agressifs envers les plus petits placés sous un filtre UV que sous un filtre neutre. La réflectance aux UV peut donc moduler l'agressivité. Les poissons les plus lumineux ne sont pas les plus forts.

 

Mitchell L. J., Cortesi F., Marshall N. J. et Cheney K. L., « Higher ultraviolet skin reflectance signals submissiveness in the anemonefish, Amphiprion akindynos », Behavioral Ecology, vol. 4, 2022.