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La tête dans les étoiles - Épisode 46 : Vers l’infini… mais pas au-delà (partie 1)

08/03/2021

Quel est l’objet le plus lointain que l’on puisse observer avec nos seuls yeux ? La question dépend en partie de l’acuité visuelle de chacun et de sa capacité à distinguer des objets très peu lumineux dans le ciel nocturne, un art difficile qui nécessite une certaine pratique avant d’être bien maîtrisé.

Si on se restreint au Système solaire, l’objet le plus lointain visible à l’œil nu n’est pas Saturne, connue depuis la Préhistoire et distante de 1,5 milliard de kilomètres, mais Uranus, située deux fois plus loin. Son éclat si faible et son mouvement si lent sur la voûte céleste font que ce n’est qu’en 1781 qu’elle fut découverte, et ce à l’aide d’un télescope, mais elle n’en est pas moins visible sans instrument… si on dispose d’un ciel éloigné de toute pollution lumineuse et qu’on sait d’avance où la chercher tant rien ne la distingue d’une étoile à l’éclat très faible.

Si on s’intéresse aux étoiles, c’est vers les plus grands phares de notre Galaxie qu’on doit porter le regard, tels Deneb, facilement repérable dans le ciel d’été malgré sa distance de plus de 1 500 années-lumière (rajouter 13 zéros pour convertir en kilomètres). S’y ajoutent quelques autres phares intrinsèquement plus brillants mais beaucoup plus distants et donc bien moins faciles à distinguer, notamment Eta Carène à environ 7 500 années-lumière.

Et si l’on veut sortir de la Voie lactée, ce sont désormais des galaxies qu’il faut essayer d’entrevoir, notamment celle d’Andromède à 2,2 millions d’années-lumière et, dans de très bonnes conditions d’observation, la galaxie du Triangle, bien plus petite et légèrement plus éloignée. De nombreux manuels d’astronomie la présentent comme l’objet le plus lointain visible à l’œil nu mais les observateurs les plus aguerris (et profitant de conditions d’observation idéales) arrivent parfois à distinguer l’infime lueur de la galaxie M81, située à plus de 10 millions d’années-lumière.

 

La discrète galaxie d’Andromède, la furtive galaxie du Triangle et la presque invisible galaxie M81, ici imagées avec des télescopes. À l’œil nu, elles n’apparaissent que comme d’évanescentes taches floues.

© Robert Gendler, Giovanni Benintende, NASA, ESA & Hubble Heritage Team (STScI/AURA)