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La tête dans les étoiles - Épisode 48 : Et le vent l’emportera (ou pas)

06/04/2021

Les mésaventures martiennes de la mission franco-américaine InSight sont venues nous le rappeler : il est impossible de vivre sur Mars, même pour des instruments robotisés et même seulement quelques années. En apparence, les choses sont assez simples pourtant. Un atterrisseur ou un rover a besoin d’énergie pour fonctionner, tout comme n’importe quel satellite en orbite autour de la Terre. Pour ces derniers, de simples panneaux solaires font l’affaire, il suffit simplement de proportionner leur surface à la consommation électrique requise.

 

Mais sur Mars, un phénomène vient gâcher la fête : le vent. Malgré l’atmosphère très ténue de la planète rouge, il peut soulever la fine poussière du sol et la transporter sur des milliers de kilomètres. Lors de certaines tempêtes globales que connaît épisodiquement Mars, c’est la totalité de sa surface qui peut se couvrir d’une fine mais opaque couche de poussière. Aussi, au bout de quelques mois, et où que l’on se situe sur Mars, les panneaux solaires se trouvent suffisamment maculés pour que leur rendement baisse au point de les mettre complètement hors d’usage au bout de quelques années.

 

C’est ce qui est en train de se produire avec InSight. Arrivée sur la plaine volcanique d’Elysium Planitia à l’automne 2018, la sonde qui a pour but d’étudier les tremblements de terre de la croûte martienne commence à pâtir des caprices de l’Éole martien qui, en moins de trente mois, a déjà fait baisser ses capacités énergétiques de 73 %. Seule planche de salut, attendre qu’un des innombrables « diables de poussières », ces petits tourbillons de vent très localisés et dotés d’une courte durée de vie, ne daigne passer exactement au-dessus de la sonde pour lui offrir un dépoussiérage gratuit. Statistiquement, il est certain que cela finira par arriver. Reste à espérer que l’heureux évènement se produise avant que l’atterrisseur ne se trouve hors d’usage.

 

  

Légende : À gauche : l’évolution préoccupante des panneaux solaires de InSight depuis l’atterrissage, puis au bout de cent dix jours martiens (appelés « sols »), et enfin 650 sols plus tard. À droite : un « diable de poussière » imagé en 2016 par le rover Opportunity… deux ans avant qu’il ne soit mis hors service par l’accumulation de poussière sur son unique panneau solaire.

© NASA/JPL-Caltech/Cornell/Don Davis