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La tête dans les étoiles - Épisode 55 : Quand vous reverrai-je, pays merveilleux ?

09/07/2021

L’exploration du Système solaire est souvent source d’émerveillement mais aussi, parfois, de frustration. En cause le coût de ces missions qui en limite le nombre, et bien sûr les distances interplanétaires qui rendent les voyages des sondes spatiales désespérément longs et également assez coûteux. Ces deux raisons contribuent à favoriser l’exploration de la banlieue proche de la Terre, à savoir la Lune et Mars, au détriment de tout le reste. Ainsi, Uranus et Neptune n’ont eu droit qu’à une seule visite depuis le début de l’ère spatiale, et à chaque fois bien brève puisqu’il s’agissait d’un survol de quelques jours de la sonde Voyager 2 qui atteignit Uranus début 1986 puis Neptune trois ans et demi plus tard. Et depuis ? Plus rien.

 

Pour Vénus, l’attente dure plus longtemps encore. Certes, la planète a été cartographiée dans les années 1990 par la sonde américaine Magellan et visitée à bonne distance depuis par quelques autres engins, mais le dernier à avoir atterri sur la surface de Vénus était la sonde soviétique Venera 14 en… 1982. Cette fois, ce n’est pas la longueur du trajet qui est en cause, mais la durée de vie des instruments. Avec son atmosphère très dense et presque exclusivement composée de dioxyde de carbone (CO2), la surface de Vénus est le siège d’un gigantesque effet de serre et subit, de jour comme de nuit, des températures infernales qui ne descendent jamais en-dessous des 400 °C. Résultat, l’espérance de vie des atterrisseurs est bien brève, le record en la matière étant toujours détenu par la sonde Venera 13 en 1982 : 127 minutes !

 

Mais les choses devraient changer d’ici une décennie ou deux ou… trois peut-être. Il y a quelques semaines, la mission DaVinci+ de la Nasa a été officiellement acceptée et devrait s’envoler vers Vénus vers 2029 pour y envoyer un atterrisseur qui n’aura pas une durée de vie au sol plus longue que les sondes Venera un demi-siècle plus tôt, mais qui devrait prendre de nombreux clichés lors de sa phase de descente et nous montrer enfin des images en haute résolution de la surface. Pour ce qui est d’Uranus et Neptune, c’est grâce à la concurrence chinoise que l’exploration devrait reprendre du côté des États-Unis. Bien sûr ce sera une exploration longue et coûteuse. Longue parce que pour explorer ces mondes glacés en profondeur, il ne faut pas seulement les survoler brièvement comme le fit Voyager 2 il y a plus de 30 ans, mais pouvoir se mettre en orbite autour, ce qui nécessite d’approcher l’une ou l’autre de ces planètes, à une vitesse très réduite, et par voie de conséquence, effectuer un trajet plus lent donc plus long. Plus coûteuse enfin, parce que même avec une telle configuration, ces sondes devront emporter plusieurs tonnes de carburant, ce qui nécessite un lanceur extrêmement puissant, le SLS-Block 2, dont le premier prototype n’a pas encore effectué de vol.

 

Les plus patients (et les plus jeunes) d’entre nous, auront peut-être droit à un orbiteur autour de Pluton, la planète naine qui fut brièvement survolée par la sonde New Horizons en 2015. Baptisé Persephone, le projet actuel ne devrait pas être lancé avant 2031, pour une arrivée dans le système plutonien en… 2058.

  

Légende : Uranus (à gauche) et Neptune (au centre) vues par Voyager 2 ; à droite : les seules images de la surface de Vénus, obtenues par les sondes soviétiques Venera entre 1975 et 1982.

 

Crédits : NASA/JPL-Caltech, Académie des Sciences de Russie, Ted Stryk