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La tête dans les étoiles - Épisode 67 : Patience dans l’obscurité

01/02/2022

Un cadeau de Noël. Le 25 décembre, Arianespace a envoyé avec succès le télescope spatial James Webb vers sa destination finale avec, en prime, une trajectoire tellement idéale qu’elle a d’ores et déjà permis au télescope d’importantes d’économies de carburant qui prolongeront d’autant sa durée de fonctionnement. Dernier cadeau, à mettre cette fois au crédit du constructeur : le déploiement s’est déroulé de façon nominale, comme on dit dans le jargon, et le télescope est désormais très proche de sa configuration de fonctionnement. « Très proche » car, si le plus spectaculaire est fait, il reste le plus long : attendre que JWST atteigne sa destination finale et finisse de se refroidir, et le plus compliqué : la mise en place de l’ensemble du système optique, indispensable à toute prise de vue ou mesure scientifique. Si la tâche n’est pas spectaculaire, elle n’en est pas moins ardue : chacun des 18 segments hexagonaux qui le constituent doit être déplacé, orienté, incliné et déformé de façon à se trouver dans la configuration parfaite pour renvoyer la lumière des étoiles vers les instruments scientifiques, et ce, avec une précision de placement pour chaque portion de sa surface de l’ordre de 10 nanomètres, soit un cent-millième de millimètre.

 

C’est pourquoi chaque segment est monté sur plusieurs supports qui, munis de plusieurs moteurs, vont pouvoir modifier la position, l’orientation et la courbure des segments avec la précision requise, une précision telle que les déplacements des segments sont très lents : à peine un millimètre par jour lors des deux premières semaines… et encore moins dans les trois mois à venir – car trois mois d’ajustement de plus en plus fins vont encore être nécessaires pour tout mettre en état de marche. Ensuite, ce sera le tour du calibrage des instruments scientifiques, qui s’étalera sur deux bons mois. Ne vous étonnez donc pas de ne pas encore avoir vu d’images produites par le télescope : il n’est pas prévu qu’il y en ait avant l’été. Mais rassurez-vous, la Nasa a déjà sélectionné quelques cibles de choix, sur des critères plus esthétiques que scientifiques parions-le, qui offriront le plus beau des faire-part de naissance au plus prometteur des télescopes spatiaux.

 

Schéma du dessous des segments hexagonaux du miroir primaire, montrant (en rouge) les moteurs en charge du positionnement de précision des segments.

 

Crédit : D. Chaney, Ball Aerospace