La tête dans les étoiles - Épisode 70 : Précurseure
08/03/2022
En 2020, la médaille d’or du CNRS était décernée à l’astrophysicienne Françoise Combes, quatrième femme à recevoir une telle récompense en dix ans, mais seulement sixième lauréate féminine depuis la création du prix en 1954. Une statistique cruelle qui offre à la fois une illustration du faible nombre de femmes dans le monde de la recherche et, surtout, de la proportion d’entre elles, encore plus faible, à devenir lauréates des récompenses les plus prestigieuses.
Longtemps, la plus célèbre astronome a été Caroline Herschel, sœur de William Herschel, le découvreur de la planète Uranus. Née en 1750 à Hanovre, c’est certes grâce à son frère qu’elle a pu exercer le métier d’astronome, alors très fermé à la gent féminine – comme tout métier scientifique. Il serait cependant réducteur de présenter Caroline Herschel comme « sœur de » tant ses travaux ont été de grande qualité. Elle découvrit ainsi plusieurs comètes et de nombreux objets du ciel profond parmi lesquels l’amas d’étoiles NGC 7789, surnommé « la Rose de Caroline » en son honneur. Elle fut aussi une habile fabricante de matériel astronomique et une travailleuse acharnée capable de traiter de gros volumes de données d’observation. Toutefois, Mme Herschel doit aussi sa célébrité au fait qu’elle est restée bien seule dans un monde longtemps demeuré presque exclusivement masculin. Pour preuve, les récompenses qu’elle a reçues. Elle fut lauréate en 1828 de la médaille d’or de la Royal Astronomical Society, un prix alors récent mais déjà fort prestigieux dont elle fut de fait la première femme à en être récipiendaire, mais aussi la seule jusqu’à l’astrophysicienne américaine Vera Rubin… en 1996.
Portrait de Caroline Herschel réalisé vers 1829
La Rose de Caroline, un des nombreux objets qu’elle a découverts
Crédit : Wikimedia Commons & Guillaume Seigneuret