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La tête dans les étoiles - Épisode 72 : Les planètes mortes-vivantes

12/04/2022

En 2019, les astronomes suisses Michel Mayor et Didier Queloz se voyaient conjointement attribué le Prix Nobel de physique pour avoir découvert en 1995 la toute première exoplanète, baptisée « 51 Pegasi b », ouvrant ainsi un nouveau champ d’exploration fertile. Près de 5 000 exoplanètes ont été détectées depuis, révélant une diversité incomparablement plus vaste que les huit représentantes de notre Système solaire. Et surtout, nous savons désormais grâce à diverses mesures indirectes qu’une galaxie comme la nôtre héberge au moins autant de planètes que d’étoiles, c’est-à-dire plusieurs centaines de milliards…

 

Mais 51 Pegasi b a-t-elle vraiment été la toute première exoplanète découverte ? Pas tout à fait en réalité.

Trois ans auparavant, l’astronome polonais Aleksander Wolszczan avait rendu publique l’existence de trois objets qui, eux aussi, pouvaient prétendre au titre de planètes. Mais des planètes bien étranges, notamment du fait que leur « étoile » parente… n’en était pas une, ou plutôt, n’en était plus une. Nommée PSR B1257+12, il s’agissait en vérité d’une étoile initialement très massive qui avait explosé en fin de vie, ne laissant derrière elle qu’un résidu compact formidablement dense appelé pulsar (épisode 65 de cette chronique). Surtout, la distance relativement faible à leur étoile des « planètes » détectées par Aleksander Wolszczan s’avérait inférieure à la taille imposante que possédait l’étoile du temps de son éclatante splendeur. Était-il possible dans de telles conditions que ces planètes aient existé à cette époque ? Certainement pas. On n’en a pas la certitude, mais tout porte à croire que ces planètes se sont formées après que l’étoiles a explosé, sans doute à partir d’une infime partie des débris qui n’ont pas été expulsés avec suffisamment de force pour s’évader dans l’espace interstellaire.

Ces planètes subissent en prime des conditions des plus délétères du fait de l’intense flot de rayons X envoyé par l’astre défunt autour duquel elles tournent. Pour toute ces raisons, les trois astres ainsi que leur étoile d’attache ont été nommés du nom de créatures de l’au-delà tirées de différentes cultures. C’est ainsi qu’existe désormais dans le cosmos un astre très officiellement baptisé « Poltergeist », certainement en clin d’œil à la célèbre trilogie de films d’épouvante hollywoodiens des années 1980. Une dénomination au moins plus imagée que « PSR B1257+12 c »…