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La tête dans les étoiles - Épisode 73 : Peau de melon et dos d’alligator

26/04/2022

L’exploration du Système solaire apporte sans cesse son lot de surprises, au premier chef desquelles la découverte de surfaces planétaires présentant des structures géologiques qui n’ont aucun équivalent terrestre. Rarement anticipées et souvent esthétiques, elles obligent les géologues à faire preuve d’une inventivité certaine pour leur trouver des noms à la fois pertinents et évocateurs.

 

C’est ainsi que certains volcans vénusiens révélés par la sonde américaine Magellan au début des années 1990 ont une forme à la fois circulaire et très plate, et ajouté à cela que le sol de Vénus est d’une coloration orangée, ils seront dénommés des pancakes. Plus loin de nous, la glace d’Europe, un des satellites de Jupiter, est souvent très brillante, mais en 1979, les sondes Voyager et, quinze ans plus tard, Galileo révélaient qu’elle peut aussi être maculée de composés brunâtres ou rougeâtres, là encore sur des zones parfois assez circulaires. Les voilà dénommées lenticulae, mot latin pour désigner des taches de rousseur. Sur Triton, satellite de Neptune, c’est un réseau complexe de terrain strié, découvert en 1989, encore par une des sondes Voyager, qui, s’étendant sur des centaines et des centaines de kilomètres tout en respectant un motif assez régulier, évoque la peau de certains melons. Ce sera donc un « terrain cantaloup », du nom d’une des variétés de melons qui présente des motifs similaires (« melons brodés » dans la nomenclature agro-alimentaire française). Sur Mars enfin, l’exploration en cours du cratère Gale par le robot Curiosity a révélé entre autres bizarreries une série de blocs de grès contigus et tous lissés à l’identique par l’érosion du vent, faisant penser à la peau écaillée d’une titanesque créature fossilisée. Sitôt baptisée par les géologues « dos d’alligator ».

 

Et l’histoire n’est pas près de se finir. Lors de la prochaine décennie, diverses missions spatiales examineront sous toutes les coutures certains satellites de Jupiter et de Saturne, scruteront de nouveaux astéroïdes alors que l’exploration martienne continuera de plus belle. Nul doute que d’autres fascinantes analogies géologico-dermatologico-gastronomiques verront le jour.

 

         

De gauche à droite : pancakes vénusiens, taches de rousseur d’Europe, peau de melon de Triton et dos d’alligator martien.

 

Crédit : NASA/JPL, NASA/JPL/University of Arizona/University of Colorado, NASA/JPL/USGS, NASA/JPL-Caltech/MSSS