La tête dans les étoiles - Épisode 78 : Avenir radieux
12/07/2022
Dans les premières semaines qui ont suivi son lancement par la fusée européenne Ariane V, il a d’abord pris sa configuration de fonctionnement. Telle une fleur qui s’ouvre à l’arrivée des beaux jours, JWST s’est lentement déplié dans son trajet qui l’emmenait à son point d’observation situé à 1,5 million de kilomètres de la Terre, dans une direction opposée à celle du Soleil (voir épisode 67). Depuis ce point de vue, les lois de la mécanique céleste lui assurent de pouvoir accompagner la Terre dans sa course autour du Soleil, tout en gardant une distance à peu près constante à celle-ci, reléguée dans la même direction que notre étoile. Cette configuration lui permet, grâce à son vaste pare-soleil, d’observer dans des conditions optimales ses délicats instruments nécessitant d’être refroidis à très basse température et à ce titre étant sensibles au rayonnement parasite de notre planète si elle n’est pas elle aussi en permanence derrière le pare-soleil.
Que s’est-il passé depuis ? En apparence, pas grand-chose, mais en réalité beaucoup. Six longs mois n’ont pas été de trop pour aligner le système optique, mettre en route et surtout calibrer tous ses instruments scientifiques (quatre en tout, ayant chacun quatre ou cinq modes de fonctionnement), étalonner leurs performances et s’assurer qu’elles sont conformes, et souvent supérieures, aux spécifications.
Pour quel résultat ? La conférence de presse qui s’est tenue ce mardi 12 juillet avait pour but de donner un aperçu du potentiel du télescope, et avait été précédée d’un suspens habilement alimenté par la Nasa ces dernières semaines. « Ce que j’ai vu m’a émue en tant que scientifique, en tant qu’ingénieure et en tant qu’être humain », déclarait ainsi il y a quelques jours Pamela Melroy, ancienne astronaute et désormais administratrice adjointe de la Nasa.
Et elle n’avait pas tort. Les premières images du JWST sont magnifiques et, pour l’une d’entre elles, vertigineuse. Le télescope a en effet revisité quelques célèbres cibles astronomiques connues pour leur côté esthétique et a aussi réalisé une nouvelle version d’un des « champs profonds de Hubble », un exercice réalisé pour la première fois en 1995 par son illustre prédécesseur et qui avait nécessité dix jours de temps de pose en direction d’une minuscule région saturée de galaxies situées à des milliards et des milliards d’années-lumière de nous. En à peine douze heures de temps de pose, JWST a fait mieux, beaucoup mieux.
D’autres images ont été diffusées par la Nasa. On y trouve le Quintette de Stephan, un groupe de cinq galaxies très proches, souvent bien difficiles à distinguer dans un instrument d’amateur, les complexes volutes de gaz entourant l’étoile Êta Carène, une étoile massive en fin de vie, encore environnée du cocon de matière qui lui a donné naissance, ainsi que la très géométrique nébuleuse NGC 3132 qui, cette fois, montre une étoile de faible masse ayant récemment rendu son dernier souffle et qui illumine encore faiblement le gaz qu’elle a expulsé peu avant.
Et ce n’est qu’un début ! Ce sont désormais 10 à 15 années de moisson scientifique qui s’ouvrent à la communauté astronomique mondiale.
Le nouveau « champ profond » de Webb
image complète ici : https://stsci-opo.org/STScI-01G7JJADTH90FR98AKKJFKSS0B.png
Le Quintette de Stephan
image HD ici : https://www.nasa.gov/sites/default/files/thumbnails/image/main_image_galaxies_stephans_quintet_sq_nircam_miri_final-5mb.jpg
La Nébuleuse de la Carène
image complète ici : https://www.nasa.gov/sites/default/files/thumbnails/image/main_image_star-forming_region_carina_nircam_final-5mb.jpg
La nébuleuse NGC 3231
image HD ici : https://www.nasa.gov/sites/default/files/thumbnails/image/main_image_stellar_death_s_ring_miri_nircam_sidebyside-5mb.jpg
Crédit : Nasa, ESA, CSA STScI