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La tête dans les étoiles - Épisode 89 : Les comètes et les chats sans queues

10/01/2023

Dans le monde des comètes, il y a les solitaires qui portent le nom de leur découvreur, telle la célèbre comète de Halley, et il y a les groupes, comme le groupe de Kreutz. Celui-ci doit son patronyme à l’astronome Heinrich Kreutz qui comprit que toutes les comètes de ce groupe étaient issues d’une unique parente, désintégrée il y a des siècles à la suite d’un passage trop rapproché du Soleil. Il y a également les comètes de type Encke, qui ne s’éloignent jamais plus loin du Soleil que Jupiter. Elles sont nommées en hommage à l’astronome Johann Encke, découvreur de la première de cette catégorie.

Aujourd’hui, les noms choisis sont moins personnalisés, les comètes sont souvent baptisées en fonction du projet ou du télescope qui les a découvertes. On connaît ainsi de très nombreuses comètes Pan-STARRS, du nom d’un programme de recherches d’événements transitoires dans le ciel, et des milliers de comètes SOHO, nommées en référence au satellite de l’agence spatiale européenne qui observe en permanence le Soleil depuis plus d’un quart de siècle et y voit des comètes, souvent de petite taille, s’y écraser à raison de plusieurs par semaine.

 

Et en plus de tout cela, il y a les comètes Manx. On cherchera en vain un monsieur ou une madame Manx dans les dictionnaires d’astronomie, ou alors un observatoire ou satellite de ce nom : il n’y en a pas. Ce « Manx »-là fait référence… à une race de chats que l’on trouve sur la petite île britannique de Man, d’où leur nom. À la suite d’un relatif isolement, ces chats ont développé une mutation génétique qui les prive de leur queue, et c’est précisément cette étrange caractéristique qu’ils partagent avec les comètes du même nom. La particularité des comètes, c’est justement leur queue, ou chevelure, composée de diverses glaces (eau, dioxyde de carbone, etc.), brièvement vaporisées à chaque passage proche de notre étoile. Pour une raison inconnue, les comètes Manx ne possèdent pas de queue, quand bien même leur trajectoire laisse à penser que ce sont des objets cométaires. Peut-être s’agit-il d’anciens astéroïdes dont des rencontres rapprochées avec des planètes ont altéré la trajectoire, désormais semblable à celle d’une comète.

 

Bref, si les comètes Manx sont moins spectaculaires que des chats courant après leur queue, elles n’en sont pas moins mystérieuses et intéressantes.

 

 

 

Alors que les comètes possèdent presque toutes une queue, parfois spectaculaire comme ici en 2006 avec la comète McNaught, les comètes Manx en sont totalement dépourvues à l’image de C/2014 S3 (PANSTARRS), comme les chats du même nom.

 

Crédit : S. Deiries/ESO, K. Meech (IfA/UH)/CFHT/ESO, Michelle Weigold/Wikimedia Commons